Chapitre 33: Chemin de traverse

Publié le par friends

Le réveil sonna très tôt le lendemain matin au Terrier. Le petit déjeuner fut servi, les douches prises, la vaisselle faite, les préparatifs préparés, les visages transformés pour plus de discrétion. Tout le petit groupe prit la poudre de cheminette, moins dangereux pour Hermione et Ron qui ne maitrisaient pas encore convenablement le transplanage. Ils se retrouvèrent donc tous devant la librairie de Fleury et Bott. La première chose qu’ils sentirent fut le silence. La rue était étonnamment calme, beaucoup trop calme. Ensuite ils perçurent la peur et l’angoisse qui régnait sur place. La plupart des magasins étaient fermés, condamnés à l’inactivité. Les seules boutiques encore ouvertes étaient heureusement celle d’Ollivander, la librairie et la boutique des jumeaux.

 

Ils se dirigèrent tous ensemble vers la devanture de chez Ollivander. Severus et Hermione entrèrent dans la caverne du légendaire fabricant de baguettes pendant que les autres montaient la garde au dehors. Un homme, qui paraissait plus âgé que Dumbledore lui-même, apparut. Un visage entouré de cheveux blancs ébouriffés, des yeux fatigués mais encore vifs. Il se tenait droit, le regard perçant qui les démasqua aussitôt malgré leur déguisement.

 

« - Mr Rogue, Miss Granger. Qu’est-ce qui vous amène ici ?

-     Mr Ollivander, nous sommes venus acheter de nouvelles baguettes.

-     Comment est-ce possible ? Vos baguettes ne vous satisfont plus ?

-     Disons que nous avons eu un léger problème et qu’elles ont dû rester sur place.

-     Fâcheux, très fâcheux. Ces baguettes pourraient servir à Vous-Savez-Qui s’il venait à les trouver et cela serait très mauvais pour nous. Heureusement que vous êtes venus vous « réapprovisionner ».Je n’ai pas beaucoup de clients en ce moment et on ne voit presque plus que des Mangemorts qui patrouillent à la recherche de nés-moldus. Le chemin de Traverse n’est plus sûr aujourd’hui. Mais bon, vous n’êtes pas venus pour entendre un vieillard parler des problèmes dont tout le monde a la connaissance. Allons dans l’arrière-boutique vous trouver de nouvelles compagnes. »

 

Rogue et Hermione suivirent le fabricant dans les dédales de son magasin. Les murs étaient couverts d’une multitude de boites et d’une douce odeur de bois et de chaudron sur le feu. Le lieu où ils se trouvaient à présent n’avait pas changé depuis que Rogue était venu chercher sa première baguette avant son entrée à Poudlard. La pièce était spacieuse et rangée. Des boules de différentes tailles étaient disposées le long d’une table. Ollivander sortit quelques boites de plusieurs rayons et les déposa près de lui avant de les ouvrir et de tendre une baguette à Hermione.

 

« - Bois de santal, crin de licorne, 27 centimètres. Voyons ce que vous pouvez faire avec ça. »

 

Hermione brandit la baguette. Il y avait comme quelque chose qui n’était pas en place, elle ne sentait rien. Elle avait plutôt l’impression que la baguette aspirait son énergie pour la retourner contre elle. C’était très désagréable comme si elle était aspirée par un trou noir. La sensation était telle qu’elle lâcha immédiatement ce bout de bois destructeur. La température de la pièce remonta dans l’instant et un bon observateur aurait pu remarquer la tension disparaitre des épaules du Professeur Rogue. « Non, non et non. Ca ne convient pas du tout Miss. Essayez celle-ci ; cèdre, poudre de dent de troll, 33 centimètres. »

Cette fois-ci, la baguette réagit à la jeune femme mais brisa deux des boules qui étaient exposées. Elle la reposa sur le comptoir encore sous le choc de la puissance de la première baguette. Une demi-heure plus tard et des dizaines de baguettes essayées, Ollivander annonça : « - Erable, crin de Sombral, 30 centimètres. »

La gryffondor déglutit difficilement à l’entente du mot Sombral. Comment cet animal qu’on ne pouvait voir qu’une fois avoir vu quelqu’un mourir pouvait donner des éléments qui servaient à la fabrication de baguettes ? Sombral, la mort, ses parents… Les larmes commençaient à lui piquer les yeux. Comment un mot, un animal, pouvait autant faire souffrir ? Le nom avait été prononcé et immédiatement l’image de ses parents s’était imposée à elle et la douleur était revenue. Malgré la peur qui lui nouait les entrailles elle saisit la baguette d’une main tremblante. La première sensation fut le soulagement. L’angoisse la quitta dans l’instant. Elle se sentait bien, apaisée, elle avait l’impression que ses parents étaient revenus du monde des morts et qu’ils la soutenaient. Ses traits se détendirent, tous ses muscles se dénouèrent, ses mains se firent légères sur le manche. Elle n’eut même pas besoin d’une tentative pour jeter un sort, le seul prémice de sa pensée avait suffit pour que la baguette exécute le sortilège. Un mince filet de lumière sortit de son extrémité et se rapprocha de Rogue. Il vint lui caresser la joue, s’insinua en lui, descendit au niveau du cœur du professeur, écrivit quelque chose sur son torse puis mourut.

 

« -Eh bien, Mademoiselle, je crois que vous avez trouvé ce qu’il vous faut.

-     Cette baguette est… On dirait qu’elle a été créée pour moi… Comment est-ce possible ?

-     N’oubliez pas Miss Granger, la baguette choisit son sorcier et pas le contraire. Rien ni personne ne peut prévoir les choix d’une baguette. Prenez-en grand soin Miss, vous en aurez besoin très bientôt.

-     Merci Mr. Ollivander. Je me sens beaucoup mieux avec cette baguette-ci qu’avec l’ancienne.

-     Cette baguette est le reflet de ce que vous êtes aujourd’hui. Celle que vous étiez lors de votre entrée à Poudlard a changée et votre baguette ne répondait plus réellement à votre personnalité. Mr Rogue, s’il vous plait. »

 

L’homme s’avança et prit une baguette au hasard. Le fabricant n’eut même pas le temps de finir d’énoncer sa composition qu’un étrange phénomène se produisit. Un halo bleuté enveloppait l’homme. Il paraissait prendre consistance au contact de son corps. Il collait à la peau de l’ancien Mangemort et ne s’en détacha que lorsque Severus prononça un mot, un seul : merci. Il la tendit au vendeur qui l’empaqueta. Rogue était entièrement redevenu Severus. Plus aucune trace de remords ou de soucis ne s’affichait sur son visage. Les rides prématurées s’étaient évanouies, il semblait sain et reposé comme si la baguette avait aspiré tous ses tracas et lui avait rendu la sérénité, la jeunesse et l’insouciance.

 

Le couple sortit de la boutique, main dans la main, chacun avec son paquet sous le bras. Ils dépaquetèrent leurs baguettes à peine sortis. Le groupe les attendait et tous ses membres étaient frigorifiés depuis le temps qu’ils patientaient dans la rue. Malheureusement pour eux Severus avait encore à passer chercher des ingrédients nécessaires à la confection de ses potions dans une échoppe de l’Allée des Embrumes. Ils se rendirent donc tous ensemble là-bas, malgré la dispute qui opposa Ron à sa mère qui voulait absolument qu’il rentre car c’était trop dangereux. Le rouquin tint bon et il put les accompagner laissant sa mère ruminer dans son coin.

Dès qu’ils arrivèrent à l’Allée des Embrumes plus aucun son ne fut émis. Ils étaient tous concentrés, leur baguette à la main, près à réagir au moindre bruit suspect. Toutes ces précautions valurent la peine. Ils avaient à peine fait cent mètres dans l’allée aussi sombre qu’un fond de chaudron qu’ils virent une patrouille de mangemorts se diriger vers eux. Ils avaient beau être déguisés, la peur et l’appréhension monta d’un cran. Ils ne distinguaient que des mouvements parmi le brouillard mais à leur manière de crier, leur identité ne faisait aucun doute : Mangemorts. Tout d’un coup le silence. Plus personne n’osait respirer dans les rangs de l’Ordre du Phénix, ils étaient repérés.

Le premier réflexe de tous fut de transplaner. Rogue attrapa Hermione pendant que Molly prenait la main de Ron et ils transplanèrent.

 

Les Mangemorts arrivèrent une seconde après la disparition des membres de l’Ordre à l’endroit où ils s’étaient trouvés auparavant. Ils se regardèrent avant de conclure que ça n’avait été sûrement qu’une bande de chiens errants. Le soir à la réunion, ils ne prirent même pas la peine de mentionner ce qu’ils avaient manqué dans la matinée.

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